Histoire de POILLEY

POILLEY sur le Homme est une commune d’une superficie de 1265 hectares, avec des limites géographiques essentiellement naturelles dessinées par la Sélune qui la borde sur près des 2/3 de son périmètre en décrivant mille méandres.

Le nom de Poilley paraît dériver d’un nom d’homme, du nom d’un chef normand : Poilgi, sous-vassal cité dans le Domesday (1). Poilgenium, Poilleium, Poilley semble être l’évolution naturelle du nom de la commune et signifie l’habitation de Poilgi. Le nom de la commune est attesté sous les formes de Pollei, entre 1120 et 1123, et de Polleo, en 1160.

Le complément sur le Homme pourrait s’appuyer sur l’existence d’une forteresse construite à l’époque carolingienne (751/987) au lieu-dit Hermy, au bord de la Sélune (2) appelée la forteresse du Holme.

Blason de la famille Holme se trouvant gravé dans le sol de la chapelle de l’Abbaye de Montmorel à Poilley.

L’origine du nom Holme viendrait de la présence des nombreux méandres accentués sur le parcours de la Sélune. En anglais, Holm ou Holme peut désigner un îlot ou une zone humide. Traduction proche retrouvée dans le vieux norrois (3), pour Holmr : îlot, lieu entouré d’eau, prairie au bord de l’eau. Cette origine scandinave rappelle l’invasion, de ce qui deviendra la Normandie, par les vikings (IXème et Xème siècles). S’ils ont laissé peu de traces de leur passage, leur influence transparaît dans plusieurs noms de villes et de villages.

Aujourd’hui, le nom officiel de la commune pour l’INSEE est Poilley. La France compte seulement 2 communes portant ce nom, Poilley dans la Manche en Normandie et Poilley en Ille et Vilaine département de Bretagne appelée anciennement Poilley Lyonnais ou Poilley-Le-Léonnais. 2 appellations identiques pour 2 communes relativement proches et sources de très nombreuses confusions.

Il y a quelques années (en 1999), la mairie de Poilley a eu en main un livret de famille d’un habitant de la commune (M Paul C.) délivré par la commune de POILLEY sur le Homme.

(1) Le Domesday ou Domesday book, traduisible en français par livre du jugement dernier, est l’enregistrement du grand inventaire de l‘Angleterre, terminé en 1086 et réalisé pour Guillaume le Conquérant. Équivalent, de nos jours, d’un recensement national.

(2) Sélune : fleuve côtier prenant sa source à Saint Cyr du Bailleul (50). Sa longueur est de 84,68 km pour le SANDRE (Service d’Administration Nationale des Données et Référentiels sur l’Eau) et de 68 km pour le SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau).

(3) Le vieux norrois (ou norrois, norois ou encore vieil islandais) correspond aux premières attestations écrites d’une langue scandinave médiévale.

(Sources : Wikipédia, Wikimanche, Edouard Le Héricher)

Hommes célèbres nés à Poilley :

Jan Vitel, poète né à Poilley

Jan de Vitel (1) (la particule est douteuse), serait né le 17 février 1569 à Poilley (50), suivant un acte de baptême de cette paroisse, à « l’ombre des grands bois de Lentilles, dans un manoir », précise-t-il dans ses poésies. Cependant, les Vitel n’auraient été que propriétaires bordiers de cette demeure appartenant à Robert du Homme. Il serait devenu orphelin jeune.

Il reçoit une éducation de son oncle, curé de Granville, qui lui apprend la versification. A la mort de celui-ci, il est âgé d’environ dix ans. Il part pour Rennes où il continue ses études. Mais la peste de 1584-1586 le contraint à partir pour Condac, (Poitou-Charente ou plus certainement près de Vannes ? ) où de fortes amitiés le lient avec Vivien, poète lui même.
La peste mais aussi une intrigue galante l’obligent à rejoindre Paris où il apprendra la mort de son ami Vivien.

Quelles y sont ses activités ? On l’ignore, mais il publie en 1588 (il a 19 ans), ses « Premiers Exercices Poétiques » . Il les donne comme une œuvre de début en attendant d’autres volumes. Par la suite, il n’y a plus trace de Jean Vitel en tant que poète.

Dans les registres paroissiaux de Poilley, on voit figurer entre 1595 et 1605 un Jean Vitel, prêtre, dont tout donne à penser que c’est notre poète. Rentré dans les ordres a-t-il renoncé à taquiner la Muse?

Normand de cœur, Vitel a été attaché également à la Bretagne, l’Anjou et le Poitou. Versé dans l’étude des poètes anciens, il vantera son ami Vivien et son maitre, Ronsard.

Chacune de ses œuvres tend à être une requête pour de l’argent ou tout au moins une protection. Ce caractère quémandeur n’avait rien d’extraordinaire au XVIe siècle, Ronsard, lui – même, usait du procédé.

Son intérêt local est incontestable. Il a chanté, d’une manière symbolique ou directe, les grandes familles du pays, ses grands établissements religieux telles que la cathédrale d’Avranches,l’abbaye de Montmorel, et celle du Mont-Saint-Michel.

Son principal poème, la Prinse du Mont-Saint-Michel, célèbre un évènement important : la reprise de cette abbaye par de Vicques, genthilhomme catholique du château de l’Ile Manière,en St Quentin, sur les soldats du Sieur Touchet, genthilhomme huguenot, qui s’étaient déguisés en pèlerins. Le poème s’accorde parfaitement avec le récit de l’historien du Mont Saint Michel, le Frère Le Mancel,témoin et acteur de l’évènement (2),  lui conférant un incontestable intérêt historique.

Publications de 1588, sous le titre de Premiers exercices poétiques :

La Prinse du Mont-Saint-Michel, Discours à Messieurs d’Avranches, l’Hymne à Pallas, Eglogue dressée sur l’accueil de Messire Goerges Pericart évesque d’Avranches…, Élégies,Tombeaux…

Exemple de poésie :

Le sautelant troupeau des Dryades gentilles
Qui caroloient au frais des grands bois de Lentilles
(Manoir qui fut mon bers grand tout premieremêt
Je humé la clarté des feux du firmament
Manoir qui m’est vrayment plus cher et delectable
Que ne seroit d’un Roy le palais admirable)

(1) Sources : La Prinse du Mont Saint Michel de Jan Vitel,

introduction et notes de E. Robillard de Beaurepaire, Avranches Anfray éditeur, 1861 ;

Les premiers exercices poétiques de Jean de Vitel([Réimpr.])

publiés avec une introduction par Ch.-A. de Robillard de Beaurepaire (1828-1908).

Éditeur scientifique, Bibliothèque d’Alençon, Collection : Société des bibliophiles normands.

(2 ) Contredisant ainsi le récit moins exact de l’historien la Popelinière ( les Recherches de La Popelinière, Liv. 39, p 285)